Le soir d’avant, il n’y avait rien et au petit matin, des camions et des caravanes se sont installées sur la place. Peu à peu, en quelques heures, un chapiteau s’est dressé, les auto-tamponneuses ont été mises en place, les animaux du cirque prennent l’air là où la veille les enfants du quartier jouaient à la balle. Le soir venu, la foule déambule entre les baraques et les grand-huit ; elle prend place sous le chapiteau pour assister au spectacle. Pour quelques heures ou quelques jours, le cirque et la fête foraine sont le lieu des rencontres, des rires et des effrois de tous, grands et petits. Un matin, la place est vide ; les forains sont repartis sur les routes pour aller rechercher une autre place.
Qu’ils photographient un rotor de manège en mouvement, une baraque décorée, le montage du chapiteau ou le numéro d’un éléphanteau, John Batho, Marcel Bovis, Yves Jeanmougin et Dolorès Marat fixent dans leurs images un monde en perpétuel mouvement. Pourtant, les motifs photographiques persistent : en Ouzbékistan, Paul Nadar saisit en 1890 le spectacle d’un funambule au milieu des spectateurs, comme le fait 70 ans plus tard Raymond Voinquel sur le tournage des films Panique de Julien Duvivier et Trapèze de Carol Reed. Un manège photographié à Madras (Inde) par Jean-Pierre Favreau peut faire écho au Luna Park de Téhéran (Iran) dans l’objectif de Christine Spengler…
Constitué d’environ 80 tirages conservés par la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP / Ministère de la Culture), ce livre propose un regard inédit sur les arts forains, mettant en exergue les photos d’artistes récemment entrés dans les collections nationales.